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Tête-à-tête avec Christopher Routis
Équipe première
08 octobre 2018

Tête-à-tête avec Christopher Routis

Nous avons rencontré Christopher Routis chez lui à Neydens. Autour d’un bon maté et d’un café, il se confie sur sa jeunesse, sa vie de footballeur et ses espérances pour cette saison. Interview d’un homme épanoui qui adore son club.

Pourquoi t’es-tu installé à Neydens en revenant au SFC ?
Je cherchais dans ce secteur dès que j’ai su que j’allais revenir. En tant que Français, j’avais envie de vivre de ce côté-là de la frontière. Cette région me plaît bien et je ne souffre pas trop des embouteillages. Pour ma famille, c’était la meilleure option.

Ta famille s’est tout de suite réacclimatée à Genève et sa région ?
Oui ma fille a commencé l’école cette année à 5 minutes d’ici. Ma femme travaille à Carouge en tant que prothésiste ongulaire grâce à une copine qui a pu lui dénicher un job.

Ce n’est pas facile pour les femmes et enfants de footballeur de déménager tout le temps non ?
Pour ma femme c’était très compliqué en Angleterre. On est un peu parti à l’aventure et ce n’était pas simple du tout pour nous. Je ne parlais pas anglais, elle non plus et c’est le moment où nous avons eu notre fille. Elles ne m’ont rejoint que trois mois après mon déménagement. Je n’ai pu voir ma fille que deux-trois jours après sa naissance et après j’ai filé à Bradford où on jouait tous les trois jours. Je n’ai jamais eu le temps
de revenir les voir durant mes trois premiers mois.

Du coup tout le monde est bilingue maintenant dans la famille ?
Pas trop non. Durant mes deux années à Bradford on n’a pas pu beaucoup sortir. C’était un peu spécial là-bas car tous les joueurs étaient un peu éparpillés partout dans l’Angleterre. Certains habitaient à Londres, d’autres à Manchester, donc les familles de joueurs n’étaient pas très présentes. Il n’y avait pas une réelle convivialité après les matches ou les entraînements entre les femmes de joueurs. Ce n’est pas la même mentalité que dans les clubs européens. Du coup, lors de mon passage en Angleterre, elle n’a pas beaucoup progressé en anglais, contrairement à l’Ecosse où c’était plus facile pour elle. Ma fille comprend bien l’anglais mais ne le parle pas même si je la surprends de temps en temps à sortir des phrases dans cette langue !

Au niveau sportif, c’était comment l’Angleterre et l’Ecosse ?
Au début c’était très dur. En ne parlant pas la langue en arrivant, j’ai tout de suite été handicapé. Je ne pouvais pas échanger avec mon coach? Une fois que je me suis adapté à mon nouvel environnement et mon nouveau poste, j’ai pris énormément de plaisir. Contrairement à ce que certains peuvent penser, la 3e division anglaise, c’est un sacré niveau. Les Français s’amusent parfois à montrer des extraits de ces divisions inférieures pour se moquer des gardiens ou des phases de jeu, mais c’est une ligue très dense, très homogène, avec un niveau monstrueux. La répétition extraordinaire des matches et le fait que l’on joue beaucoup font qu’il y a, c’est vrai, quelques fois des erreurs ou des boulettes. Mais les fans ne nous en veulent pas, ils savent que c’est dur pour nous. Lors d’une saison avec Bradford, j’ai joué quatre matches en douze jours ! En arrivant lors de la dernière rencontre de cette série, j’ai vu des joueurs avec des cernes sous les yeux. Je n’ai jamais vécu ça dans aucun autre championnat. Sportivement, c’était génial avec des équipes qui ne pensent qu’à attaquer. Et je ne vous parle même pas des atmosphères dans les stades?

Si si, parle-nous en !
La 1re année où j’arrive à Bradford, il y a 14’000 abonnés et la saison suivante, il y en a 4’000 de plus alors que l’on jouait en 3e division ! Nous jouions chaque match devant 20 à 25’000 personnes. La ferveur des gens et leur sympathie sont incroyables ! Je me rappelle d’un match où l’on prend 4 ou 5 goals à domicile, et on sort du terrain sous les applaudissements du public. En Ecosse, j’ai joué des matches incroyables également. J’ai eu la chance de jouer à Ibrox ou Celtic Park lors des poppy day (ndlr : commémoration de l’armistice). Les stades étaient pleins avec plus de 45’000 spectateurs, c’était monstrueux, il y avait une ambiance de folie.

Quelles sont tes origines ?
Je viens de Libourne pas loin de Bordeaux. Une petite ville sympa pas loin de Saint-Emilion. Mes parents y vivent toujours. Je suis un amoureux de ma région, je me rends là-bas chaque fois que je peux. On ne voit pas le temps passer quand on y est avec ma famille.

Tu as commencé le football à Libourne ?
J’étais dans un petit club de 4 à 7 ans avant de rejoindre le club de Libourne-Saint-Seurin. J’ai gravi tous les échelons jusqu’aux portes de la première équipe. Libourne a ensuite vécu une relégation administrative, et j’ai dû partir. J’étais prêt à aller n’importe où. Un bon ami à moi m’a ensuite parlé de Servette où j’ai passé des journées de détection.

Quelles étaient tes idoles dans le football lorsque tu étais jeune ?
Mon idole absolue, c’était Zinedine Zidane. J’étais milieu de terrain jusqu’à mes 13 ans donc j’essayais de m’inspirer de son jeu. C’est le meilleur joueur de tous les temps pour moi.

Tu étais fan des Girondins à cette époque ?
J’étais trop petit lorsque Zizou y jouait. Mais j’allais les voir quand-même de temps en temps. Surtout quand le PSG se déplaçait à Chaban-Delmas. J’aime bien les Girondins mais je suis un fan de Paris depuis l’époque de Raï et consorts.

Tu es arrivé à Genève à l’âge de 18 ans ?
Oui, avec mon ancien entraîneur Philippe Sarrasin à qui je dois beaucoup. C’est un très grand ami que je considère un peu comme mon deuxième papa. Il est venu avec trois de mes coéquipiers et moi-même pour une journée de détection à Genève. J’ai eu la chance car dès mes débuts avec Sébastien Fournier en M21, le courant est tout de suite passé. Je me suis ensuite rapidement entraîné avec la première équipe et j’ai joué mon premier match en Coupe de Suisse face au FC Bâle lorsque l’on se fait éliminer aux penaltys. Je ne suis jamais sorti de l’équipe et j’ai ensuite passé 5 ans formidables à Genève.

Joao Alves a eu une grande importance pour toi ?
Alves, c’est le druide. On l’appelait tous le magicien. Ce qu’il a fait, c’est extraordinaire. Il a pris un groupe qui est certainement moins bon que celui que nous avons aujourd’hui et il a fait quelque chose de grand. Il a gagné l’estime des joueurs dès le premier entraînement d’avant-saison. On est tous arrivé avec nos chaussures de jogging et Joao nous a tout de suite dit : « Qu’est-ce que vous faites ? Allez me chercher des crampons, avec moi on joue au football ! » Tous les joueurs avaient le sourire aux lèvres et on s’est dit que c’était bien parti. Il a su créer une famille incroyable. Pour tous les joueurs de l’époque, c’était comme un père.

Lors de cette saison 2010-2011, vous ne partez pourtant pas très bien dans le championnat?
C’est parti moyennement on va dire. Sur la fin de la saison, ça a explosé ! Ça me fait penser un peu à cette saison en fait. On a du mal à démarrer, et après avoir ajusté quelques petits détails, on a fait des dégâts !

Donc le Servette FC 2018-2019 va monter en puissance ?
Je pense que nous sommes déjà en train de monter en puissance. Je comprends que les gens râlent ou ne soient pas contents. Je ne le suis pas non plus. Heureusement, on n’est pas largué. On a une belle équipe avec de très bons joueurs. On a un gros groupe. Je suis persuadé que si vous posez la question aux entraîneurs de Challenge League de savoir quel groupe ils souhaiteraient avoir, 9 sur 10 répondraient celui de Servette. On a des passages dans le match où on manque de concentration et ça nous coûte des points. Les gens nous critiquent, mais en 2011 aussi on était critiqué et ça c’était fini devant 25’000 personnes à la Praille.

Quelles sont tes passions dans la vie à part le football ?
Ma fille ! Certains supporters l’ont vue à la sortie des matches dans le VIP Lounge. C’est vraiment une fille chouette qui fait rigoler tout le monde. Ça devient la mascotte. Sinon, j’aime bien suivre un peu tous les sports. Je m’intéresse aussi à ce qui se passe à l’intérieur du club. Chaque joueur de l’équipe professionnelle est le « parrain » d’une équipe de jeunes. Moi, c’est les M14 de Greg Sutter. On doit aller faire des entraînements avec les jeunes et les voir en match. Je trouve ça génial !

Tu veux faire quoi après le football ?
J’aimerais bien entraîner. J’ai commencé à passer mes diplômes en Ecosse mais j’ai dû stopper mon cursus en cours car je suis rentré à Genève. Je m’intéresse aussi beaucoup aux autres métiers du football que ce soit aux cellules de recrutement ou au rôle d’un directeur sportif.Je crois avoir un bon coup d’oeil pour repérer les qualités et les défauts d’un joueur assez rapidement. Sinon, pour faire rire mes coéquipiers, j’ouvrirais bien un salon de coiffure !

Si tu fais une équipe de foot à 5, tu prends qui dans ta team ?
Je prends Thiago Silva, comme ça c’est fait, défensivement on risque rien. Je me mets dedans aussi pour le challenge. J’opte pour un milieu Ronaldinho-Zidane parce qu’il faut de la magie. Devant je prends Griezmann, comme ça il pourra nous préparer le maté.

Si tu devais être un autre sportif, tu serais qui ?
Teddy Riner.

Si tu devais jouer dans une équipe d’un autre sport collectif ?
Le PSG Handball.

Qui doit-on mettre en avant sur le prochain programme de match ?
Alex Schalk. D’ailleurs je tiens à dire que ce n’est pas moi qui l’ai fait venir au club comme j’ai pu l’entendre. Le club le suivait déjà la saison passée et savait qu’il était en fin de contrat. Lorsque j’ai su que j’allais revenir à Genève, ils lui ont proposé quelque chose. J’ai peut-être aidé un peu car pendant qu’on était en Ecosse je lui parlais tout le temps du Servette ! Il n’est pas en confiance actuellement mais quand il va débloquer son compteur, ça va faire mal.

Et on doit lui poser quoi comme question du coup ?
Pourquoi arrive-t-il toujours à l’entraînement avec des griffures ?

Robin Busset voulait savoir pourquoi tu avais foiré sa coupe de cheveux ?
Je lui propose de comparer la coupe de cheveux que je lui ai faite et celle avec laquelle il est revenu de chez le coiffeur (rires).