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La saga des Servette-Xamax. Episode 1/4
Équipe première
24 novembre 2017

La saga des Servette-Xamax. Episode 1/4

A travers les affrontements entre Genevois et Neuchâtelois, c’est tout un pan de l’histoire du football suisse qui peut être lu. A l’occasion du choc du lundi 4 décembre prochain, servettefc.ch vous propose de revenir sur quatre rencontres entre ces deux clubs qui symbolisent le développement du football dans nos contrées, avec le concours de Grégory Quin, historien du sport et maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne.  

Episode 1 sur 4 : 1974, le premier Servette-Xamax aux Charmilles

Le Servette FC en est déjà à sa quatre-vingtième année d’existence quand naît le FC Neuchâtel Xamax issu de la fusion entre Xamax et le FC Neuchâtel-Sports, anciennement FC Cantonal en 1970. Le club neuchâtelois atteint la LNA à l’issue de la saison 1972/73 et dispute donc sa première saison dans l’élite lors de la saison 1973/74. C’est lors de cette saison que l’on assiste donc aux premiers affrontements entre le Servette FC et le FC Neuchâtel Xamax.

A cette époque, le football romand n’a pas voix au chapitre dans un championnat suisse dominé de la tête et des épaules par les représentants d’Outre-Sarine. Le duo Zürich-Bâle truste les titres de champion de Suisse et le dernier représentant « welsche » à avoir remporté le titre est le Lausanne-Sports en 1965. Une éternité. Pour marquer encore plus les différences entre les deux grandes régions linguistiques helvétiques, notons que des rencontres entre Zurichois et Bâlois peuvent attirer jusqu’à plus de 55’000 spectateurs à Saint-Jacques (!) quand ce derby romand entre Genevois et Neuchâtelois se dispute devant 6’800 spectateurs seulement.

Lors de la première opposition entre les deux clubs à Genève, le Servette FC est entraîné par son entraîneur-joueur Sundermann, qui se titularise lui-même à mi-terrain, et Neuchâtel Xamax par Mantula. Ces deux techniciens sont étrangers, Sundermann est Allemand et Mantula est Yougoslave ce qui est assez représentatif de cette époque où les dirigeants de clubs peinent à faire confiance aux techniciens suisses. Pour Grégory Quin, cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs : « Globalement, les formations d’entraîneurs en Suisse sont de qualité assez moyenne jusqu’au début des années 1970. L’institution jeunesse et sport qui forme les moniteurs du bas de la pyramide, dans le sport amateur est fondée en 1972. Pour le haut niveau, le comité national de sport élite (CNSE) forme des entraîneurs de haut niveau depuis 1967. Nous sommes donc au tout début des formations de techniciens et il est probable que le travail à ce niveau-là n’ait pas encore porté ses fruits. De plus, les mouvements d’entraîneurs de l’étranger vers la Suisse ne sont pas contraints par des règlements comme cela peut être le cas avec des joueurs. »

Dans les effectifs genevois et neuchâtelois, rares sont les joueurs à se dévouer entièrement à leur passion. « Gilbert Fachinetti est complètement opposé à la pratique professionnelle. Pour lui, on peut payer des joueurs, mais ils doivent avoir un métier à côté » note Grégory Quin. Du côté du Servette, on rétribue certains joueurs mais la plupart ont également des métiers à côté. Le club est, à la date de cette rencontre, en plein guerre juridique contre son joueur Georges Perroud que le SFC refuse de libérer malgré la fin de son contrat en juillet 1972. En effet, il tient au club de signer la libération de son joueur à l’ASF ce que le Servette FC se refuse de faire. « Cette affaire est un tournant sur le sujet du professionnalisme dans le football en Suisse » énonce Grégory Quin.


La une du Matin au lendemain du jugement du Tribunal Fédéral, le mercredi 16 juin 1976

Le Tribunal Fédéral donne en effet raison à Georges Perroud et entérine de facto le droit pour les joueurs de choisir librement leur club à la fin de leur contrat comme dans n’importe quelle autre pratique professionnelle. Un football professionnel devient possible en Suisse.

Défaits dans les tribunaux, les Servettiens sont gagnants sur le terrain dans ce premier derby romand face à Xamax à Genève. Les deux équipes sont à la lutte pour l’Europe en cette fin de saison et l’enjeu crispe quelque peu les visiteurs peu habitués à autant d’enjeux alors qu’ils disputaient, la saison précédente encore, le championnat suisse de Ligue Nationale B. Riner et Castella donnent rapidement l’avantage aux Grenat qui, fragilisés par la réduction du score de Mathez, tremblent un peu en début de deuxième mi-temps avant de se mettre à l’abri par Petrovic à la 71e. Le Servette FC ravit la 3e place à ses adversaires du jour et finit la saison à cette même place qui lui ouvre les portes de la Coupe UEFA. Les Neuchâtelois, quant à eux, ne se remettent pas de cet échec et finissent la saison à la 7e place d’un championnat dominé de la tête et des épaules par le FC Zurich de Jakob « Köbi » Kuhn.

La saison 1973/74 restera donc dans les annales comme celle qui aura vu les premiers affrontements entre le SFC et Neuchâtel Xamax. Nous retrouverons ces deux clubs pour le deuxième épisode de notre saga pour un festival offensif des Grenat en ouverture de saison 1979/80.  

Servette ? Neuchâtel Xamax 3-1 (2-1)

Le 11 mai 1974

Les Charmilles, 6800 spectateurs

Buts : 1e Riner 1-0, 5e Castella 2-0, 30e Mathez 2-1, 57e Petrovic 3-1

Servette FC: Brignolo; Schnyder, Morgenegg, Wegmann, Martin, Sundermann, Pfister, Marchi, Riner, Castella, Petrovic. Entraîneur: Sundermann

Neuchâtel Xamax: Biaggi; Claude, Nussbaum, Citherlet, Mantoan, Richard, Steiger, Elsig, Rub, Mathez, Traber. Entraîneur: Mantula